J’ai reçu récemment un courriel d’une vieille connaissance. Une fille sympathique avec qui je déconnais au secondaire, mais avec qui je n’avais gardé aucun réel contact ni même un souvenir digne de mention. Dans son message, elle me disait qu’elle organisait des retrouvailles du secondaire, question de voir ce qu’on était devenu 10 ans plus tard et qu’elle aimerait bien que je me pointe.
J’y ai pensé longuement avant d’accepter. D’abord, j’avais peu d’amis à cette époque et revoir volontairement des gens avec qui j’avais volontairement rompu tout contact me semblait illogique. De plus, retourner sur la Rive-Sud de mon propre gré et non pour des raisons de survie, par exemple, parce que l’île de Montréal serait entrain de couler au fond du fleuve, représentait un obstacle considérable.
Puis, je me suis dit qu’il fallait bien que je sorte un peu de chez nous. J’ai pris le métro, j'ai traversé le fleuve tout plein de mes appréhensions et, comme de raison, j’ai attendu l’autobus pendant une demi-heure. Arrivé au petit café-bar, j’avais des papillons dans le ventre et des émotions vieilles de 10 ans me remontaient dans la gorge. Mais j’étais près. J’avais mon texte d’usage bien en bouche, du genre : « Ohhh, moi? Ben, je passe beaucoup de temps à la maison, j’ai un colocataire que j’adore, « une » fauteuil très fidèle, une télévision HD jeune et pimpante et quand je ne regarde pas l’une de mes 25 émissions préférées, je tiens un blogue pour passer le temps. »
Mais, je n’aurais pu prévoir le spectacle qui m’attendait sur la terrasse. Mis à part du linge plus récent, du gras ici et là et un brin de maturité dans les traits, j’avais devant moi l’authentique class of 1997. Les mêmes visages, les mêmes attitudes et les mêmes groupuscules d’affinités. Les poils avec les poils, les sports avec les sports et les asiatiques avec les asiatiques, comme lorsque je sortais du cours d’anglais de Raymonde alors que je n’avais que 17 naïves années d’existence.
Autre surprise, alors que je regorgeais d’un cynisme sans nom à mon arrivée, j’étais maintenant avide de savoir ce que les gens étaient devenus. La cheerleader cute, maintenant professeure, gardait tous les attributs d’une jeune « matante » de St-Laurent alors que le sportif timide était devenu mécanicien, le sportif extraverti était devenu prof de gym, le cerveau de l’année était entrain de finir son doctorat, la fille gentille avec tout le monde était devenue travailleuse sociale et celle qu’on disait qu’elle ferait une bonne maman était devenue une bonne maman. Il y avait quelques imprévus aussi, comme le gars un peu vedge devenu comptable, mais ce n’était que de rares exceptions. La plupart du monde avait suivi leur ligne directrice de vie, préservant inconsciemment une linéarité prévisible dans leur destinée. Une version adulte de ce que promettait déjà leur adolescence.
En revenant vers la civilisation, j’avais la tête pleine. Je me rendais compte que dès notre tendre enfance, pour la plupart d’entre nous, les bases étaient jetées. Nos aptitudes, nos intérêts, nos valeurs et nos choix allaient orienter notre Chemin sans même que nous n’en prenions conscience nous-mêmes, un peu à la manière d’un MapQuest de nos vies où il suffirait d’inscrire le point de départ pour connaître la destination.
Écrasé dans Magda en jouant les philosophes du dimanche, j’ai compris que les retrouvailles ne servaient vraiment qu’à une chose. Se faire renvoyer une image de nous-mêmes vieille de plusieurs années, mais encore intacte aux yeux des autres. En somme, se retrouver soi-même et faire le point sur les 5, 10, 20 dernières années qui nous ont façonnées et, ultimement, s’assurer qu’on ne s’est pas trompé de route en chemin.
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13 commentaires:
Alors tu aurais suivi ta ligne directrice,, alors que tout tes choix te prédiestinaient inévitablement quoique directement à Magda?
Woooah la vie, quand même.
Suite à la lecture de ce texte, je dois m'avouer tout plein d'appréhensions pour mon propre conventum du secondaire qui aura lieu le mois prochain. Remarque que pour nous ça ne fait que 8 ans, mais bon, j'ai déjà l'impression que mon secondaire date d'une autre époque et que je vais tout rencontrer ces gens encore pour la première fois. J'ai l'impression d'avoir changé mais je pense que la vérité, comme tu l'as bien exprimé, c'est que personne ne change, pas vraiment du moins. On évolue, on se raffine, on exprime notre personnalité différemment, mais c'est effrayant comment le noyau dur de qui nous sommes est immuable.
Hé bien je vous trouve chanceux, moi dans mon école on a été victimes d'un phénomène paranormal. Les petis nerds sont devenus des grands gars sexy et les gars sexy sont maintenant des bedonnants chauves. Les filles nerds quand à elles font maintenant des salaires de fous, elles s'habillent super bien et commencent à avoir des familles et les filles moches de l'époque sont devenues méga pétards ! Moi en sortant de mon conventum il y a deux ans, j'ai pas pu m'empêcher de me demander : mais où s'en va le monde ???
C'Est très beau ce que tu dis. Je trouve personnellement qu'il y a quelque chose de déprimant dans les retrouvailles. C'est une claque dans face qui te dit: "10 années viennent de se passer, t'as rien vu, hein?"
Ahlala ça avait l'air sympa quand même... rien à voir avec mes retrouvailles d'il y a cinq ans :
- une fille saoule qui s'engueule avec son ex du secondaire;
- le "beau mec" macho rendu obèse;
- la gang de belles filles qui ont toutes eu des bébés en même temps;
- les poteux qui vont fumer pendant le souper;
- le gars mystérieux toujours aussi mystérieux;
- les petites asiatiques intellos toujours aussi discrètes;
... et moi toujours plutôt observatrice d'un monde qui m'est jamais apparu le mien. Une chance qu'après le secondaire vient le cégep et l'Université.
En lisant ton billet je suis de ton avis les gens ne changent pas tant que ca... J'ai organisé des retrouvailles des 80'S et j'ai été heureuse et décourgé de voir que certaines personnes ne semblent pas avoir chanhgés ou évolués. Et toi continue à écrire j'aime bien tes billets!!
J'étais à ces mêmes retrouvailles. Je ne reconnaissais pas beaucoup de gens n'ayant pas été particulièrement social pendant le secondaire et ayant connu une multitude de personnes après le secondaire qui a éclipsé bien des souvenirs. Le peu de gens avec qui j'étais vraiment à l'aise au secondaire, j'ai gardé contact avec eux, alors il n'y a pas eu beaucoup de bonnes surprises à cet événement.
À deux reprises, quelqu'un m'a reconnu et se rappelait de mon nom alors que je ne me rappalais même pas l'avoir connu. Je me suis senti cheap.
J'ai passé quand même une agréable journée avec ces visages qui me rappelais vaguement de quoi. Ce qui a été plaisant, c'est qu'à défaut de reconnaître ces supposés anciens amis, j'ai fait véritablement leur connaissance et je me suis fait de nouveaux anciens amis.
c'est vrai qu'on ne fait qu'évolué et ce raffiner comme dit mr lafreniere...
pour ma part les retrouvailles des 10 ans seras dans 5 à 6 ans et je ne compte pas y'aller!!! ah non!
Sont aussi ben de se dépêcher pour les retrouvailles... eille chu à veille d'être retraité et jamais eu de party de même !! :o)
Tu écris bien Attrayan :)
Un de tes beaux textes ca yan... à mettre dans le best of quand vous sortirez votre recueil...
David G
J'ai été obligé d'organiser les miennes, on m'avait élu présidente à vie en secondaire 5, ce qui a l'époque était un grand honneur, c'était plutôt chiant 10 ans plus tard.
J'ai adoré revoir mes copines par contre et c'est vrai, que rien n'avait vraiment changé. Personnellement, ça m'a donné confiance. J'ai eu le bonheur de retrouvé le même regard que ces filles-là me donnaient il y a 10 ans. Il faut dire qu'on était une gang solide et j'ai toujours affirmé que les filles avec qui j'ai étudié allait changé le monde. Je n'avais pas tort.
Beau texte Yan...
En passant, j'ai vu que tu as été remercié dans le générique du film Bluff... mes félicitations jeune homme.
je viens de comprendre pourquoi vous bloguez rarement... Attrayant a une vie parmis d'autres humains...Il travaille à fais ca court à TéléQuébec.
Nos retrouvailles sont aux printemps... aie aie aie... ca va etre quelque chose ca...
Une grosse claque dans la face, et le temps de rire un peu...
Great post buddy.
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