samedi 21 juin 2008

Marie-Mai n'y pouvait rien

Les raisons de notre silence sont multiples, d’abord à cause du travail et de l’amour, mais notre mutisme est aussi, évidemment, la conséquence d’un relatif désintérêt envers le bloguisme. Toutefois, aucune excuse ne serait suffisante pour ne pas vous parler du départ de Qu’àcelan’Etienne. De son départ plus qu’imminent. De son départ de demain, en fait.

Il est là, à faire des boîtes que je ne suivrai pas. Demain, je dormirai seul dans un appart vide qui ne gardera de notre passage aucun véritable souvenir si ce n’est des rayures des pattes de Magda sur le prélart beige. Cinq ans de vie commune, de souvenirs entremêlés, de débâcles incroyables, d’aventures et de mésaventures jusqu’à ce jour J impitoyable, l’ultime jour de notre séparation, ce « demain » qu’on craignait un peu, sans se l’avouer vraiment.

Après les heures écoulées devant la lumineuse Hillary Duff à dévorer du Monsieur Poulet comme s’il n’y avait pas de lendemain, après les moments de plaisir brut dans la pénombre d’un salon éclairé par Guitar Hero III, après les critiques savamment élaborées sur la culture québécoise qui suscitaient le respect de nos pairs, après le vidéoclip de danse sur Émilie Bégin qui fut un monumental succès d’estime auprès des jeunes et des moins jeunes, bref après notre vie de vieux garçons, nous voici à l’orée de l’autre vie, la vie de jeune adulte. La copine, l’appart en attendant le condo, le travail payant, les soupers d’amis, les discussions sur la fertilité… nous sortons même dehors à l’occasion, c’est vous dire. C’est probablement normal, voire souhaitable, mais ça n’empêche pas ce froid immense qui me glace par tout le corps à l’idée que c’est la fin. Pas une fin inéluctable, mais la fin de quelque chose, en tout cas.

On va se revoir, c’est certain. On va continuer à arrêter de réfléchir devant un jeu télévisé américain au goût douteux ou passer une nuit à descendre des sales zombies sur ma PS3. Mais, les vieux garçons ne seront plus. Ils seront disparus quelque part un certain 22 juin 2008.

Le 22 juin. C’est le jour de la fête de Qu’àcelan’Etienne. Comme quoi un jour soulignant une naissance peut tout aussi bien célébrer une mort. À la fin de la journée, demain, on fermera la porte sur quelque chose d’important. Même les délires sur les vidéos dégueulasses de Marie-Mai n’auront plus la même saveur. Ils ne seront plus que des souvenirs en sépia dans une tête déjà ailleurs.