Comme vous le savez certainement, la semaine dernière en fut une de dur labeur. En fait, ce sont vraiment les 2 – 3 dernières semaines qui furent particulièrement intensives et je contemple maintenant mon pécule avec le regard du juste. Mes journées étaient bien remplies, commençant aux petites heures et se terminant jamais ben ben avant minuit. Privé de métro, je quittais mon lieu de travail en taxi et je fis un constat très révélateur. C’est ce dont je voulais vous entretenir aujourd’hui.
Les chauffeurs de taxi ont de la jasette. Je m’en étais rendu compte depuis longtemps et je fus même surpris qu’à Toronto, dans le code d’éthique des taxi drivers, il est interdit d’engager la conversation sans une invitation du passager. Pas de ce genre de code à Montréal où j’ai eu droit à un peu de tout. Un chauffeur haïtien me donnant des trucs pour me ramener des filles, un vieux chauffeur un peu mon’oncle qui me raconte que certaines femmes lui offrent parfois de le payer en nature, un chauffeur libanais qui me raconte qu’il était médecin à Beyrouth, un chauffeur un brin côlon qui me refait le cahier sport de La Presse avec des sacres en boni. Il y a même un chauffeur qui a son propre blogue, c’est dire s’ils ont des choses à raconter.
Mais, même si tu es crevé jusqu’à la moelle avec des cernes jusqu’aux genoux, il y a une période de l’année où les chauffeurs te retiennent dans la voiture pour te jaser encore plus. Ça m’est arrivé deux fois la semaine dernière où, parqué en double devant notre résidence pendant plus de quinze minutes, le chauffeur ne peut s’empêcher de me consigner à la banquette arrière, juste pour m’en dire plus sur ce sujet fascinant que sont les élections provinciales.
Ça chiale, ça chigne, ça dénonce, bref, un chauffeur de taxi en a à dire sur le gouvernement et sur la société québécoise. C’est de la faute du gouvernement s’il y a des dos d’ânes n’importe où, les Québécois sont pas racistes, mais sont en fait vraiment ouverts, le PQ n’est plus ce qu’il était, Charest est dangereux et stupide, on devrait se compter chanceux d’avoir une société qui ne connaît pas la guerre et que sais-je encore. Une sorte de babillage engagé et multiculturel oscillant entre Tout le monde en parle et Taxi-22.
Même après une journée de 14 heures, avec seulement 4 heures de sommeil devant soi, ça vaut la peine de s’arrêter et d’écouter. Les chauffeurs de taxi en voient passer du monde et ils écoutent je sais plus combien d’heures de radio par jour. Ils parlent à des dizaines de gens à chacun de leurs chiffres et ils ont souvent un avis sur tout. Autour de moi, rares sont ceux qui ont une opinion tranchée sur un sujet et on ne sait plus trop si on vote pour la plus belle pancarte ou pour le meilleur programme. Si les chauffeurs de taxi, qui nous observent, nous passagers, croient encore en la société québécoise, c’est peut-être parce qu’ils y voient quelque chose qui nous échappe. Une lueur d’espoir pour la masse désengagée.
Après avoir payé ma course et laissé un généreux pourboire, je me suis posé une question fondamentale. Alors que la population se dépolitise en général, est-ce que les chauffeurs de taxi ne seraient pas les derniers citoyens?
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12 commentaires:
Quand j'entends ma collègue dire : "Moi, j'm'en fous d'la politique. Je suis au courant de rien. On est bien au Canada. On manque de rien. Faque le reste, je m'en balance...", le poil me lève sur les bras, dans les dos, sur les cuisses, PARTOUT!
Hier mon chauffeur de taxi m'a dit que son vote importait peu parce qu'il n'était qu'un "simple chauffeur de taxi"... je peux te dire que je lui ai dit ma façon de penser là-dessus... Et il a ri de bon coeur, on verra bien!
Intéressant cette réflexion sur les chauffeurs de taxi. C'est vrai qu'ils sont parmis els seuls à avoir un vrai contact avec un aussi grand échantillon de la population.
Va voir un bon vieux waiter à la taverne du coin, ils en ont aussi généralement long à dire. Les barmans aussi (je ne veux pas être sexiste, mais les barmaid parlent plus souvent d'autre chose, les mecs les cruisent au lieu de parler de tout et de rien, cà fait moins de bagages). Un mec qui va dans un bar en a souvent long à dire et avec l'alcool ils ont souvent moins de retenues, alors les barmans en entendent de toutes les sortes et ce de tous les genres de personnes différentes.
Oui ils en écoutent de la radio, par contre avec ce qui se dit sur les ondes de la majorité des chaînes de radio québécoise, pour 5 minutes (et là je suis généreux) d'informations pertinentes et utiles, il y en a 55 qui t'abrutissent plus qu'autre chose...
Ayant rencontré 2 chauffeurs de taxi aujourd'hui, je me demande si tu captes les ondes de ma tête en supplément sur ton câble?...
Normal, après tout, qu'ils aillent de la jasette, puisqu'ils sont souvent plus scolarisés que leurs clients big shot (ou small shot?) mais sans équivalence ou emploi dans leur domaine. Cela pourrait faire d'intéressants dirigeants qui nous mènent à peu près à bon port sans trop de détours couteux.
Peut-être qu'on pourra éventuellement tipper le chauffeur pour sa performance par des kudos.
Honnnn, fanny a du poil dans le dos... ;o)))
(rumeur, rumeur)
Bravo les gars... ça c'est du beau texte !! :o)
C'est une façon de parler fredesk... et du le poil dans LE dos, car j'en ai pas plusieurs...
+ + +
On se voit toujours ce soir, messieurs?
Que je suis contente!J'ai rencontré LE chaffeur de taxi fou ce lundi lors d'un voyage à MTL! Malheureusement, moi et m acopine avons engagé la discussion qui à totalement dérappée pour se terminer avec la phrase suivante:« Les femmes c'est fait pour être violée!» Quoi! Totalement traumatisées, nous ne parlerons plus aux chauffeurs!
Vous n'êtes pas venus et je vous en veux.
Venus où ? Fallait spécifier hein ?
:o)
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