lundi 19 février 2007

Engagez-vous qu’ils disaient

Suffit de feuilleter le journal, admirer Pascale Nadeau au téléjournal ou tout simplement faire un tour dans le Centre Sud pour se rendre compte que le monde a mal. Que font les Vieux Garçons pour freiner ce fléau et embellir un brin cette terne humanité? Rien pantoute.

Force est de constater qu’à écouter autant le câble, on finit par tout savoir et par rien faire. Il m’est comme venu un lointain remord, une sorte de doute du bien portant vis-à-vis du moins nantis. Les Vieux Garçons ne font pas de bénévolat quoiqu’ils aient le temps. Les Vieux Garçons ne contribuent au trésor national que d’une bien discrète façon. Les Vieux Garçons ne sont pas équitables, environnementalistes, socialistes ou végétariens. Les Vieux Garçons ne considèrent le clivage Nord-Sud que dans une perspective météorologique de froid-chaud. Les Vieux Garçons n’ont pas d’allégeances politiques et s’ils votent, c’est pour garder quelqu’un dans le Loft.

En somme, les Vieux Garçons se sont isolés du monde. En fermant bien la porte d’en avant et en se scotchant devant l’écran, nous nous sommes un peu retirés du monde. Dans notre univers lumineux, tous les Africains deviennent des vedettes internationales de la musique, tous les Asiatiques sont riches à cause des jeux vidéos, tous les Européens sont des cinéastes émérites, tous les Latinos sont des pop stars au ventre plat, tous les Indiens chantent dans les Bollywoods, tous les Arabes sont des pas fins, tous les États-Uniens sont docteurs, avocats ou agents du CTU et tous les Québécois sont à Las Vegas.

Mais, que nous est-il arrivé? Où sont toutes ces belles promesses faites à la face monde au-dessus d’une pinte de blonde? Mes espoirs de cégépien déambulant de manifestation en manifestation? Il fut un temps où je lisais le Courrier International dans un café du Quartier Latin en invectivant avec verve les puissants de la Terre. Je me promettais d’être un moteur de changement actif, un des acteurs de la révolution, bref, le premier en haut de la barricade. Maintenant, un simple show de Loco Locass comble mes ardeurs revendicatrices. Pas plus à gauche qu’à droite, la seule position qui m’importe désormais est celle qui sera la plus confortable dans le sofa.

Il fut un jour où nous étions engagés. Aujourd’hui, tout ce que j’ose crier c’est : « No Deal! ».

Voilà un bien navrant constat. Bon, à quelle heure que ça passe Portefolio, déjà?

8 commentaires:

Anonyme a dit...

A 21h30.

Catherine Pépé a dit...

Étrange phénomène.

Tes derniers posts reflètent tous des réflexions que je me suis faites moins de 24 heures avant que tu les écrives.

"Pas plus à gauche qu’à droite, la seule position qui m’importe désormais est celle qui sera la plus confortable dans le sofa."

Ça fait mal de vérité.

Bulle a dit...

De toutes façons, de tes revendications hautement criées au cégep, est qu'il y en a vraiment auxquelles tu tenais vraiment? d'après moi c'est le cégep qui rend les gens comme ca, après on en a rien a faire et on se positionne devant ceux qui font réellement quelque chose pour changer le monde et qui passe dans notre petite boite noire!!

G a dit...

Heureusement vous écrivez les Vieux Garçons, et tentez au moins d'avoir un peu de temps à vous, de mettre un peu de sens à votre vie dans toutes ces réflexions littéraires... Mais sans télévision, vous auriez plus d'amis, plus de comptes à payer, plus de coiffures à essayer, plus de sorties amusantes souvent, insipides parfois...plus de vie?!?

Anonyme a dit...

Bah, à quoi bon!?

On est ben toutes pareils!

Anonyme a dit...

Cependant, vous écrivez ce blogue, et s'exprimer, c'est déjà participer à la culture. Et quelle est-elle, la culture de la vingtaine québécoise? Quelles sont nos histoires? Nous sommes une génération qui doit se construire. Déjà, en publiant vos inactivités, vous nous renvoyez une image de nous-mêmes qui pousse à la réflexion, et éventuellement à l'action. Vous êtes peut-être plus engagés que vous ne le croyez!

L'intense a dit...

Ouf

C'est ça vieillir?

Un show des cowboys friangants ca aide aussi à se remettre les idées à gauche.

Anonyme a dit...

Je pogne trente ans cette année, et j'aurai rien fait pour changer le monde :-( Je croyais que c'était ma consommation de canabis à l'université qui avait tué mon sentiment de rébélion!

Et c'est quoi alors la prochaine étape logique? Vouloir un enfant pour qu'il réalise nos espoirs d'un monde meilleur à notre place!

Toujours impresionné par votre vocabulaire comme dans "je lisais le Courrier International [..] en invectivant avec verve les puissants de la Terre"; wow!