vendredi 9 février 2007

Dans deux jours : une fin comme une autre

Les Vieux Garçons accueillent cette semaine un blogueur invité. Toute la semaine, il pourra poster autant qu'il le désire, mais jusqu'à dimanche prochain seulement. Le Vieux Garçon Intello est notre blogueur invité de la semaine.

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Si tu savais comme je lutte de tout mon souffle
contre la malédiction de bâtiments qui craquent
telles ces forces de naufrage qui me hantent
tel ce goût de l'être à se défaire que je crache

-Gaston Miron

Dimanche approche.

Je ne me souviens plus qui disait « lorsque tout le monde pense la même chose, c’est que personne ne pense beaucoup ». Cette impression de tourner un page d’un roman d’Orwell à chaque coin de rue, à chaque regard croisé. Cette impression de respirer à contre-sens de la frénésie qui habite la réalité.

Je ne parle pas des accomodements déraisonnables. Ce n’est pas qu’il n’y aurait pas là matière à s’interroger sur la dissolution du politique et la micro-production locale de réglements de piscine (Hérouxville), et tout le lien à faire entre multiculturalisme et logique de marché, où tout ce qui sait déployer un certain rapport de force peut s’arroger le droit d’exister. Les autres, on les écrase, comme des mégots-boulot-dodo.

Ce n’est pas non plus que je n’aurais pas envie de parler du dégel des frais de scolarité. Mais faudrait commencer par dégeler nos ministres, qui sont tous high sur la compétitivité, bandés comme des fans de tennis en plein soleil. Après avoir enterré l’éducation, pourront postuler comme fossoyeurs pour le compte du cimetière génréalisé auquel se réduiront les sociétés. Je vous ai dit que je devais moi aussi m’acheter une paire de bottes? Je n’ai hélas pas encore eu le temps. Comprenez-vous, c’est qu’il faut surtout libérer l’avenir du futur déjà présent.

C’est que, vous voyez, il faut travailler plus en mangeant des sandwichs au jambon (Stand up for your rights!), s’entrainer à la vue de tous dans des gymnases de verre pour que tout le monde voit bien qu’on s’esquinte à courir sur le tapis de la productivité pour s’adapter au plus vite au monde qui est déjà rendu 5 ans en avance. Les assistés sociaux devraient s’y mettre aussi, et les religions passéistes que leurs traditions empêchent de pousser de petits hurlements de plaisir à chaque secousse du Dow Jones en toute liberté devraient aller se faire foutre. Et Tout le monde en parle! Où plutôt, tout ça parle. Et nous faisons écho.

Et ben, moi, j’aurais envie de dire autre chose. Je ne sais trop quoi, j’ai trop de mots qui débordent de la petite case dans laquelle chacun doit dresser sa croix. Du petit réduit contigu que la réalité encore non-économique laisse à nos paroles. Avez-vous déjà fait tenir une feuille de papier sur un mur avec votre seul souffle? Elle tombe inexorablement après quelques secondes. Les mots font la même chose, ils se heurtent à la paroi. Miron dirait : « des éclats sourds de béton sur tes parois ».

Vendredi. Déjà, bientôt, je ne parlerai plus. Le silence libérateur que certains appellent de leur voeux règnera enfin. « Ce jour sera la mort d'un homme de courage inutile » (Miron). Deux jours, et c’est tout, pour vous dire l’envers des choses. Mince, c’est peu...

6 commentaires:

Anonyme a dit...

Me semble qu'on est dimanche aujourd'hui, non?!

Anonyme a dit...

Un peu épuisant ce name-dropping incessant depuis quelques jours... Les citations son jolies, mais on se fait chier!!!!! Vite que reviennent nos gentils Vieux Garçons.... Vous me manquez....

Anonyme a dit...

AMEN !!!

Annie Dubé a dit...

Crois-tu que Miron était donc vieux garcon?
Comme ce dernier message était touchant!
Des fois on se dit: coudonc les V.G sont-ils en manque d'inspiration face au dur début février? C'est un grand sentiment d'abandon. Ont-ils payer leur dernier "bill" de câble, et ont-ils hônte de n'avoir accès qu'à la "base" gratos?
Mais en même temps, on se dit: Sacré Cocorico. On l'aime bin c'te ti gars solidaire là!

Anonyme a dit...

Faisait quelques jours que je n'était pas passé par ici.

Intéressant l'intello...

Anonyme a dit...

ait = ais, oups