Les Vieux Garçons accueillent cette semaine un blogueur invité. Toute la semaine, il pourra poster autant qu'il le désire, mais jusqu'à ce soir seulement. Le Vieux Garçon Intello est notre blogueur invité de la semaine.
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J'avertis le lecteur que ce chapitre doit être lu
posément, et que je ne sais pas l'art d'être clair
pour qui ne veut être attentif.
- Jean-Jacques Rousseau (1712-1778), Du contrat social
Excusez moi, je n’ai pas écrit hier, mais j’étais très occupé. Car je suis très occupé et j’ai fort à faire. Plus que vous.
Je sais que cela peut être difficile à comprendre. Vous avez aussi l’impression d’être occupés, seulement vous ne l’êtes pas autant que moi. Cela rend ma tâche difficile, puisque pour vous expliquer à quel point je suis occupé, je dois d’abord faire la démonstration que ce que vous pensez connaître du signifiant occupé ne recoupe que partiellement toute la richesse de l’expérience d’être occupé pleinement.
Si j’ai été si occupé, c’est entre autres qu’en préparation du dernier texte du dimanche, dont je n’aurai sans doute pas le temps d’assurer, pour le bénéfice de tous, la présence au monde, j’avais entrepris hier, avec l’assistance d’un ami sans manières, un programme d’apprentissage de la langue vulgaire et des manières des masses dont l’objectif était d’une part de faire taire toutes les critiques excessives à mon égard, et, d’autre part, d’offrir enfin, de manière accessible, une passerelle au contenu de ma pensée, désormais rapprochée du niveau de langage banal et sympathique qui explique sans aucun doute la popularité des lieux de bavardage virtuels.
Nous avons d’abord branché des Ipod sur nos tympans et activé la lecture d’enregistrements de radio populaire (Rythme FM), où les animatrices gloussent sans cesse. Nous avons ensuite ingurgité du Pepsi, une poutine, des chips au ketchup Maple Leaf (ce qui me fût passablement pénible après le tartare de l’Express d’hier, je vous assure!), avant d’aller arpenter les promenades Ontario. C’est fou, tout ce qu’on peut voir là! Des gens qui n’ont même jamais, jamais je vous dit, lu Kant, Heidegger ou Hegel! Et qui respirent pourtant, et qui se trainent d’un endroit à l’autre avec une conviction déroutante. Un gamin de dix ans se faisait sermonner par sa mère qui jurait comme un charbonnier.
Nous sommes vite revenus sur le Plateau. J’étais assez ébranlé. Mon ami, rustre mais cinéphile, avait apporté plusieurs oeuvres que je ne connaissais pas. Une satire sur le sport professionnel avec Rémi Girard, un portrait plutôt dur sur la colonisation des esprits au Canada-Français, avec Julien Poulin, et un polar policier, avec Patrick Huard.
L’affaire n’aurait pas été complète sans une sortie au 1250 Saint-Denis, un débit de boisson où j’ai été contraint d’avaler le contenu de dizaines de petits contenants de plastique (ils avaient l’affront d’appeler cela de la bière), entouré de prostituées cocaïnomanes.
Je crois donc que je suis prêt à vous écrire quelque chose d’accessible pour une première fois, j’ose espérer terminer tantôt, mais je suis très occupé, plus que vous, à preuve, je suis en train d’écrire ceci alors que je n’ai pas le temps, alors que vous avez visiblement le temps de me lire. Ce qui, j’espère, contribuera à montrer que la réalité foisonnante déborde les mots dans laquelle vous l’enfermez, mais que je consentirai tout de même à utiliser dans le prochain texte, et ceci par stricte générosité.
dimanche 11 février 2007
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1 commentaire:
"Une satire sur le sport professionnel avec Rémi Girard, un portrait plutôt dur sur la colonisation des esprits au Canada-Français, avec Julien Poulin, et un polar policier, avec Patrick Huard."
Ça a fait ma journée.
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