Les Vieux Garçons accueillent cette semaine un blogueur invité. Toute la semaine, il pourra poster autant qu'il le désire, mais jusqu'à dimanche prochain seulement. Le Vieux Garçon Intello est notre blogueur invité de la semaine.
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Il y a de ces objets dont la seule texture suffit à rappeler qu’il existait autrefois un monde qui était fait d’autre chose que de lamelles de verre friables sur-lesquelles-il-ne-faut-laisser-aucune-trace (mais qui n’hésitent pas à se lancer, assassines, du haut des airs), de béton armé et de tuyauterie de ventilation exhibée sans pudeur à la manière dont on montrerait des viscères plastinées.
Avant l’ère postmoderne de l’obscènité architecturale, de l’exhibitionnisme immobilier et de la transparence totale, le monde était peuplé d’objets sensuels et uniques qui appelaient le désir, attiraient vers eux les pulsions libidinales et encourageaient des relations sociales toutes faites d’avidité de l’Autre.
Je parle de ces objets qui se laissaient habiter de la personnalité de l’usager et qui n’étaient pas jetés par prédestination. Une pipe, un blaireau de grand-père, une vieille paire de jumelles, un vieux Buick à banquette unie. Et le classique : un vieux sofa beige-brun shaggy, dégageant à lui seul plus de chaleur que les inventaires d’Ikea, même enduits de kérosène et incendiés.
Jean Baudrillard disait juste dans Le système des objets :
« Plus de lits pour être couché, plus de chaises pour être assis, mais des sièges « fonctionnels » qui font de toutes les positions (et donc de toutes les relations humaines) une synthèse libre.
Tout moralisme en est exclus : vous ne faites plus face à personne. Impossible de s’y mettre en colère, impossible d’y débattre ou d’y chercher à convaincre. Ils conditionnent une socialité assouplie, sans exigence, ouverte, mais sur le jeu.
Du fond de ces sièges, vous n’avez plus à soutenir le regard d’autrui ni à fixer le vôtre sur lui : ils sont ainsi faits que les regards sont justifiés de n’avoir qu’à se promener sur les autres personnes, l’angle et la profondeur du siège ramenant « naturellement » les regards à mi-hauteur, à une attitude diffuse où ils sont rejoints par les paroles.
Ces sièges répondent peut-être à une préoccupation fondamentale : n’être jamais seul, mais jamais non plus face à face. »
Je parle de de brave fauteuil Magda, bien sûr, mais à travers elle, de tout un univers sensible dont nous ont dépossédés les fabricants d’espaces fonctionnels et aseptisés. Un Vieux Garçon a besoin du contact de l’autre. Il aime ses objets cool, certes, mais aussi ses vestons de tweed laineux et ses chandails Nintendo. Mais il a surtout besoin de la présence de l’Autre.
Il ne survivrait pas plus de cinq minutes dans l’environnement dépersonnalisé des magasins tout blancs à l’éclairage blasté de la rue Saint-Laurent où une seule chaussure est en display sous un spot blafard. Sans parler de la musique...
C’est peut-être pour ça qu’à la résidence des Vieux Garçons, où il m’arrive parfois de m’arrêter pour tenter d’insuffler un peu de vie intellectuelle à mes deux camarades scotchés à leur téléviseur, on ne fait guère le ménage. Parce qu’au milieu de miettes, des bouteilles vides et des chips périmés, on sent que « quelque chose » de vivant se trame.
jeudi 8 février 2007
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10 commentaires:
non mais,
a vas-tu partir ta visite, a s'inscrustre....
J'ai hate de vous retrouver moi, je les aime les vieux garcons !
Comme tous les autres, je fuis votre blogue et attend que la semaine se termine... A la semaine prochaine !
On sent beaucoup plus l'intelligence et la vivacité d'esprit dans les post des Vieux Garçons originaux, même si vous nous parlez de divan, de feu sauvage ou de votre amour pour Pascale Nadeau.
Pas besoin de fausse analyse poussée. Vos posts nous font déjà réfléchir, à leur manière.
Fausse analyse????
Le pire, c'est que sa prétention enlève toute envie de le trouver intelligent.
Vieux garçon intello, enlève ton balai que tu as de pris dans l'cul et parle nous sans faire des tournures de phrase digne d'un téléroman de Fabienne Larouche.
Fabienne Larouche est beaucoup, beaucoup moins brillante que moi.
Oups! Vous vous trouvez brillant, Vieux Garçon intello? Tant mieux pour vous! mdr
Tout ce qui brille n'est pas or. C'est pas parce qu'on brille qu'on est une lumière.
Et puisque vous aimez tant les citations:
"L'orgueil est l'apanage des sots." (Hérodote)
"L'orgueil est le dédain de tout ce qui n'est pas soi." Théophraste
"Le pédantisme, c'est l'ostentation du savoir" Samuel Johnson
"Un sot n'est qu'ennuyeux, un pédant est insupportable" (Napoléon)
Pourquoi tout le monde le déteste autant?
C'est différent et prétentieux. Et puis après? Ca peut etre quand même intéressant.
Tant qu'à dire que c'est mauvais, débattez avec lui.
Par ailleurs, je m'ennuie des Vieux Garcons, des vrais... mais bon, je n'irai pas dire que c'est mauvais.
Ok, moi aussi j'attendrai lundi pour revenir. Quand j'aurai envie d'un cours de philo, je retournerai sur les bancs d'école. Désolée.
J'admire la persévérance du Vieux garçon intello, qui continue imperturbablement (ou presque - mais être comparé à Fabienne Larouche en ferait réagir plus d'un) malgré les insultes. J'aime bien l'absurdité et l'ironie de son pseudo-intellectualisme. Ceci dit, moi aussi, j'avoue mon humble penchant pour les bottes, les coupes de cheveux et autres sujets de moindre altitude.
J'adore le Vieux garçon intello et je ne comprends vraiment pas le fiel de ses détracteurs. On se croirait à un débat sur les accommodements raisonnables. (Merde, j'ai écrit les mots défendus, contribuant à faire grossir la Bête...)
Voilà, VGI. Moi, je te backe.
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