Ce soir, je suis sorti du spectacle des Zaps en même temps qu'Égypto, rappeur au sein du collectif Attach Tatuq, qui était accompagné de sa mère.
Ça peut sembler bizarre, mais avant, je n'avais jamais réalisé que les rappeurs avaient eux aussi une mère, et surtout qu'elle n'était pas une rappeuse mais bien une femme normale comme ma propre mère. Égypto lui parlait et n'avait même pas son accent de rappeur qui m'agresse tant lorsqu'il parle en entrevue. Je les ai fixés d'un air ébahi à la sortie du Spectrum, et suivis du regard alors qu'ils s'éloignaient et repartaient chez eux.
Si je n'avais pas eu de copains avec moi, je les aurais suivis jusqu'à chez eux pour voir où ils habitent. Ce n'est pas tant que je veuille savoir où habite Égypto, mais plutôt que je veuille voir de quoi a l'air physiquement la résidence d'un rappeur. Dans ma tête, c'est un grand manoir rempli de bling bling. Pourtant, peut-être habitent-ils dans Hochelaga ou à Verdun. Peut-être même qu'ils sont dans un HLM du 450.
Qu'importe. J'ai enfin réalisé l'importance de garder son identité secrète quand on est rappeur. Peu importe le genre de résidence qu'aurait eu Égypto, j'aurais été déçu. Pas déçu de son immense maison ou de son minuscule appart, mais juste déçu qu'un endroit où il habite existe. Je suis déjà assez déçu qu'il ait une mère, et qu'il aille voir des spectacles avec elle. J'imagine qu'il a un nom normal aussi, du genre Jean-François Dubé ou Stéphane Dufour...
Les rappeurs ne devraient pas avoir le droit d'être des gens normaux.
vendredi 29 décembre 2006
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1 commentaire:
C'est valide pour tous ceux que l'on admire ou qui nous fascinent d'une manière ou d'une autre.
J'adore ce texte. Bravo.
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