samedi 13 janvier 2007

De l’irrationalité du racisme bassement encodé

ATTENTION: Ce titre inutilement ambitieux révèle subtilement que vous vous apprêtez à lire ce qui est sûrement le texte le plus "presqu'intello" qui sera publié sur ce blogue. Nous préférons vous en avertir et, n'ayez crainte, nous n'en ferons pas une habitude.

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Situation inhabituelle s’il en est une, je me suis malgré moi retrouvé coincé dans un salon entre deux filles : la Québécoise et la Française. Cette dernière n’est ici que depuis deux mois et, assises dans le salon, elles jasent de tout et de rien, papotent et argumentent sur des futilités (bref, ce sont des filles). Moi, pendant ce temps, je réfléchis à quelles émissions je suis en train de manquer sur mon bon vieux câble. La discussion se déroule de façon tout à fait normale, jusqu’à ce que la Française enlève ses souliers. Horreur, la jeune dame porte… des bas blancs. Ou des chaussettes blanches, comme elle le dit si bien.

La Québécoise ne fait ni une ni deux et attaque : est-ce un fashion statement anti-cool, ou seulement la plus totale inconscience des codes vestimentaux élémentaires? La Française, inquiète, lui jette un regard intrigué. Elle n’est pas consciente qu’il existe une loi interdisant les bas blancs. Selon elle, une telle législation serait non seulement en vigueur qu’au Québec, mais serait apparemment inexistante outre-mer. Pourtant, devant le rejet de ma compatriote, elle s’enquiert de mon opinion, en quête d'approbation.

Malheureusement pour elle, je n’ai pas d’opinion sur la chose. Je ne porte pas de bas blancs, non pas parce que je ne veux pas mais parce que je sais que je ne dois pas en porter. Je n’ai par contre jamais compris pourquoi les filles détestent autant ces bas. Avouons-le, c’est une répulsion complètement irrationnelle. Je comprends que le bas blanc se salit rapidement et que, placé entre des souliers noirs et des pantalons bleus, le bas blanc détonne et SAUTE AU VISAGE. Ok, oui, c’est simplement pas beau. Sauf que, les bas blancs, les filles ne se contentent jamais de dire "c’est laid". À la vue d’une paire, elles deviennent soudainement vouées à sa plus totale annihilation et en font une affaire personnelle, comme si on avait insulté leur intelligence.

Comment est née cette répulsion pour le bas blanc? Aucune idée, mais j’ai quand même émis une hypothèse : selon moi, le code du bas blanc aurait été inventé par une certaine "élite sociale" pour permettre à ses membre de se reconnaître entre gens branchés. Tu portes des bas foncés, tu es cool comme moi, tu peux donc être mon ami… / Tu portes des bas blancs, tu fais donc partie de "la masse" qui n’est pas branchée et qui ne partage pas les codes que les gens de mon statut social connaissent. Sors de ma vie.

Avec les années, cette "élite" s’est toutefois agrandie et le code s’est répandu jusqu’à être connu d’une majorité de la population. D’ailleurs, en 2005, un quotidien avait publié un sondage qui révélait que 80% des hommes portent des chaussettes unies, foncées, surtout noires. Malgré tout, encore aujourd’hui, même s’il est connu de la majorité, le code subsiste et nous permet de séparer les cools des quelques derniers perdants, insconscients de la mode. Pourquoi?

Devant notre manque d’arguments rationnels et justificatifs, la Française a quand même décidé de ne pas s’en laisser imposer. Elle continuera à porter des bas blancs, au grand désespoir de La Québécoise, et tant pis pour ceux que ça repoussera.

Moi, peu de chances que j'y accorde de l'importance. J’ai moi-même porté des bas blancs toute mon enfance et mon adolescence. Le jour de mes 18 ans, une amie m’a pris à l’écart et, empreinte d’une chaleur maternelle, m’a donné ce conseil : Je te le dis parce que je suis ton amie. Personne n’osera te le dire, mais il faut à tout prix que tu fasses disparaître ces horribles bas blancs. Sinon, aucune fille ne voudra de toi et tu finiras vieux garçon.

Conscient de la menace qui planait sur moi, j’ai depuis ce jour porté uniquement des bas foncés… et je suis demeuré vieux garçon malgré tout. Que n'ai-je pas compris?

14 commentaires:

Anonyme a dit...

Je porte le bas blanc. Pas avec fierté, pas dans le but de faire un statement et pas avec des souliers noir et des pantalons noir. Ça adonne, c'est tout. En plus, mes souliers sont d'un bleu particulier avec des détails blanc, donc ça serait bien plus laid avec des bas teints.

Mon entourage s'est habitué, mais c'est vrai que pendant un long moment toutes les filles ayant remarqué ce sont exclamées d'horreur, et c'est encore une étape à surmonter avec les autres que je rencontre. C'est donc dire qu'il s'agit d'une caractéristique universelle et un peu tordue de la jeune femme du Québec.

Anonyme a dit...

la répulsions des bas blancs est selon moi apparut en même temps que la libérations de la femme et de son arriver sur le marché du travail. En travaillant, le femme a moins de temps pour bien faire son ménage et donc, et le méchant bas blanc est le témoin par excellence pour prouver hors de tout doute, que leurs plancher sont sale. Démontrant ainsi, une bonne fois pour toute que la superwomen n'est qu'un mythe, une utopie...et qu'en allant se dénaturant sur le marcher du travail, elles ont choisi d,affliger leur conjoint et enfants de bas blancs plutot gris.

Depuis cette honteuse constation, au lieu de renoncer a leur libération et leur emploi, les femmes oblige quiconque a ne plus porter de bas blanc! ;o)))

Une femme libre a dit...

François Lafrenière, vous avez toute mon admiration. Ça prend beaucoup de courage pour oser avouer ainsi publiquement ce que vous nous avez dit et que je ne répéterai pas évidemment! Bravo!

Jo, en effet, hum! avec la mode de faire enlever les souliers dans les maisons, la saleté paraît mois avec des bas déjà noirs. Bon point!

Doparano a dit...

Jo.... C'est tellement simple, vous avez la réponse parfaite. Bien qu'intelligente, j'aurais jamais pensé à ça.

Par contre, vous savez que chez la superwoman qui n'a pas le temps d'épousseter, le bas foncé témoigne aussi du surplus de poussière et de poils d,animaux sur les parquets....

Anonyme a dit...

Les bas blancs servent à faie du sport je crois non? J'essai de m'imaginer dans mon cour d'éduc. au secondaire avec des bas noirs qui s'armonise pas du tout avec mes running shoes. Ça aussi se serait laid et puis je suis absolument certain que les dit bas noirs sentent plus les p'tits pieds que les bas blanc...genre tu fait du cross-country dehors et il fait soleil, donc les bas noirs vont attirés plus les rayons, donc tes pieds vont avoir plus chaud. Peut-être même deux fois plus chaud. Think about that! Pensez-y!

Anonyme a dit...

Je n'ai personnellement aucun problème avec les bas blancs, en autant qu'ils soient blancs et pas gris... Le bas blanc est un signe de propreté qu'on devrait considérer à sa juste valeur. Mon conjoint porte des bas blancs, et j'en mets aussi lorsque mes pantalons sont de couleur pâle.
La réaction épidermique typiquement féminine à la vue d'un bas blanc est totalement ridicule et ne s'appuie sur absolument rien, la jeune femme typique faisant elle-même partie de la masse...

Anonyme a dit...

En temps que chef de file mondiale du mouvement de Futilité Volontaire, je me dois de réfuter toute tentative (féministe ou autre) d'explications de la haine du bas blanc et me dois d'appuyer cette Québécoise qui a compris un des énoncés les plus vrais de la vie.

Le bas blanc est une hérésie, une ignominie, un danger pour les yeux.

Au même titre qu'il existe (pour pas longtemps encore, vous direz) un registre des armes à feu, un registre du bas blanc devrait être instauré. Seuls quelques élus (athlètes olympiques ou du dimanche ayant fait leurs preuves) auraient alors droit au port du bas blanc en coton. En privé seulement.

Cela dit, l'adepte de la Futilité Volontaire n'a en aucun cas à justifier ses paroles. C'est comme ça, c'est comme ça.

Anonyme a dit...

J'ai déjà été ce genre de fille là et puis un jour j'ai vu des beaux bas blancs mi-mollet avec des tites lignes brunes et jaunes en haut.

Je les ai achetées et je les porte fièrement.

Maintenant je ne juge plus les gens en regardant leurs bas, je regarde un peu plus haut. Et si quelqu'un me passe commentaire plate, je lui montre mes belles tites lignes. nah

Anonyme a dit...

Et que pensez-vous des bas bruns, les vieux garcons?? POLYTECHNIQUE rules!!! ;o)

Anonyme a dit...

Le bas blanc, lorsque porté avec le pantalon noir, les souliers noirs, la chemise blanche, la cravate noire mince, les Ray-Band et une attitude reservoir dogs, est définitivement gagnant.

Issu des plus beaux jours de l'époque disco, le port du bas blanc avec le pantalon noir et soulier noir est un must pour le résistant qui préfère vive d'après les codes des films de Quentin Tarantino plutôt qu'en suivant les clichés conformistes de la "mode", qui, en ces matières, ne se définit pas positivement, mais uniquement par l'exclusion a priori d'une pièce de vêtement dont on peut supputer qu'elle devienne, rapidement, un critère discriminant arbitraire de constitution identitaire, de participation à la tendance et de sélection binaire des partenaires sexuels dignes de ce nom, et ceci sans aucun fondement concret/réel, autre que le refus de condéder toute valeur qualitative au bas blanc, renvoyé, pour les fins de l'opération, dans une illégitimité qui lui serait intrinsèque.

Dans l'époque contemporaine, le rock (le vrai rock&roll, i.e. Chuck Berry, et pas Bono), se porte au plus mal. Le Soul aussi. James Brown, John Lee Hooker, Ray Charles ne sont plus de ce monde.

Le véritable cool, lui, se trouve renvoyé hors du monde comme pure fiction à projeter sur les écrans, n'ayant plus d'ancrage dans un réel devenu plat.

Faut-il voir dans le bas blanc l'effigie sacrificielle symbolique et rituelle contemporaine de communautés qui finissent d'expurger hors d'elle les derniers avatars du rock%roll, du disco et du véritable cool pour se consacrer exclusivement au vêtement faussement frippé, au coton ouaté comme mode de vie (American Apparel), ou encore au style La Cordée (du sport de vivre dans le capitalisme contemporain) c'est-à-dire au vêtement utilitaire donc la valeur "esthétique", déliée de toute attache symbolique et ontologique concrète, se réduit à l'apparence de l'emballage qui sera jugé au premier coup d'oeil pour discriminer de manière binaire entre inclusion/exclusion, blanc/non-blanc, 0-1, ce qui est le propre de l'adaptation à la logique systémique et impersonnelle des automates.

Avec la mise à mort du bas blanc, c'est le lien social rock lui-même qui est sacrifié sur l'autel plastique du mouvement adaptatif de la mode, et le vêtement tout entier à la logique du symbolique autonomisé, autoréférentiel, comme mode de contrôle des corps marchands.

Tiqqun n'avait pas tort: dans le capitalisme, nous sommes tous et toutes des jeunes filles conformistes. Et c'est là que le bas blesse.

Une femme libre a dit...

Pour Rico,

Vous avez un blogue? On peut vous lire quelque part? Vous écrivez super bien!

Anonyme a dit...

Merci pour les souvenirs Rico. Même après quelques années, il fait toujours bon t’entendre plaider avec autant de ferveur la cause du bas blanc :)

Anonyme a dit...

Mais vous portez des boxers, et ça outre-mer, mis à part vous permettre de copuler avec des filles qui ont le QI d'une moule, ça vous tue le sex-appeal d'un homme.

Anonyme a dit...

Ah, un nouveau débat en perspective ?! Pour ou contre les boxers...
Perso, ça doit faire 20 ans que je n'ai pas sauté dans un slip, et ma copine me préfère sans..
Et pourquoi pas sans bas et sans slip ??