Pour continuer dans ma quête du cool, j'ai réussi à convaincre mon Attrayan blasé de m'accompagner aux fameuses Ipod Battles en ce samedi soir.
Nous arrivons donc à une porte anonyme, à un bâtiment qui n'a l'air de rien... Puis on monte des escaliers trash-dégueux... J'ai l'impression d'être dans ces endroits cools underground dépeints dans les films américains... Si c'est sale comme ça, ça augure bien, ce sera vraiment un événement dans le vent... En haut, on découvre la salle. Curieuse impression d'être dans un sous-sol d'église... Je ne m'y connais pas assez pour savoir si c'est cool d'être dans une salle anti-cool, mais les gens présents ont l'air de trouver ça normal. Rassurant.
Après deux bières, trois bières, je commence à reluquer les filles. Elles sont belles, accessibles et souriantes. Je réponds à leurs sourires, plein d’une nouvelle confiance amenée par mes cheveux (ma foi, je suis si beau et trendy que je songe à déserter le vieuxgarcons.com pour aller écrire sur jeunemectrendy.com, c’est tout dire!)
J’attrape donc Attrayan d’un bras et je pars à l'abordage d'un groupe de filles. Jeunes, ravissantes, elles me sourient alors que je leur parle joyeusement. J’envoie des signes, j’ouvre des portes, j’utilise tout mon langage non-verbal pour m’assurer qu’elles comprennent que je suis tout à elles. Pourtant, je sens que quelque chose cloche. Les filles ne sentent-elles pas que je suis ouvert à elles, disponible et accessible? Me trouvent-elles trop tendance pour elles? Suis-je trop hot? Je vois leurs regards bifurquer vers Attrayan, qui chigne dans son coin en silence. Pourquoi Attrayan se mettrait-il soudainement à attirer les regards, alors que c’était pourtant mon apanage exclusif il y a 24 heures?
Et soudainement, je prends conscience. Tout est une question d’accessibilité. On désire ce qu’on ne peut pas avoir. Je veux les Pussycat Dolls parce qu’elles me sont inaccessibles. Je veux les filles qui dégagent une confiance abusive parce que je ne pourrai jamais les avoir. J’ai envie de la jolie fille froide dans le métro parce que je ne peux la rejoindre. On sera toujours amoureux de gens inaccessibles. Or, ce soir, j’ai fait preuve d’une trop grande accessibilité, ce qui a complètement désintéressé mon groupe de filles. Attrayan, au contraire, réussit à les attirer parce qu’il est hors de portée et qu’il se fout complètement d’elles.
Tout cela me passe par la tête alors que les filles essayaient d’apprivoiser Attrayan, mais comme elles lui sont accessibles, il reste complètement désintéressé d’elles. Il faut aussi dire qu’elles auraient eu plus de chance armées de télés câblées dans leurs sacs à main, étant donné qu'on ne fait pas copain-copine aussi facilement avec un vieux garçon aussi aigre et rabougri.
Alors que les filles prennent conscience que leur séduction est vouée à l’échec et que j’essaie de les récupérer en me la jouant distant (stratégie qui échouera autant que la leur), j’ai une horrible vision : la Carnassière arrive dans la salle. J’aurais du y penser : les gens trendy allaient au IglooFest vendredi soir et aux Ipod Battles samedi soir. Normal que les mêmes gens cools se retrouvent d’un événement à l’autre. Si j’ai décidé d’être trendy, je dois me faire à l’idée : je la croiserai à chaque événement. Je la vois chercher désespérément, le regard inquiet. Puis, ses yeux croisent les miens, son visage s’éclaircit et elle se dirige vers moi. Horreur. Elle cherche à m’embrasser, mais j’évite ses lèvres. Je veux la fuir parce qu’elle est trop accessible. Mon inaccessibilité ne fait que la séduire davantage et la rendre encore plus folle de moi.
J’avais oublié, mais je me rappelle pourquoi j’étais devenu un vieux garçon reclus et que j’évitais les filles : elles sont beaucoup trop compliquées à gérer. Les relations interpersonnelles en général sont trop compliquées, avec leurs codes, les dits et les non-dits.
À ce moment, je prends conscience du monstre que j’ai créé. Je jette un regard vers Attrayan, qui s’ennuie fermement dans son coin, à l’écart des gens, les bras croisés et l'air renfrogné. Je réalise qu’il m’est devenu inaccessible et que je m’ennuie de mon ami. Mes cheveux nous ont éloignés et m’ont fait me perdre dans les affres de la coolness. J’ai changé, je me suis perdu, je ne suis plus le vrai moi.
Je laisse la Carnassière derrière moi alors qu'elle continue à me dévorer du regard. J’avance vers Attrayan et, d’un geste décidé, je passe ma main dans mes cheveux et détruit cette coupe maudite : mon aura de cool disparaît en même temps que mon demi-mohawk. J’attrape Attrayan et lui dit :
- C’est fini. Viens t’en, on rentre à la maison. Le câble nous attend.
dimanche 21 janvier 2007
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7 commentaires:
Ta coupe trenty n'aura pas durée, que le Dieu qui la représente te punisse. Ton post est un guide de la séduction, il m'a fait réalisé les vérités et apprendra a certains qu'ils doivent se tenir à l'écart dales pubs. Lachez les fesses des filles et peut-être qu'elles voudront danser avec vous ! Voilà, un cri du coeur.
tout est bien qui se finit bien!
C'est ca le risque de te ramasser des one-night dans les événements "simili cool". La scène montréalaise est trop petite, on est condamné à croiser toujours les mêmes personnes!
j'espère juste que la carnassière ignore tout de ton identité web parce que tu risques de t'attirer des ennuis!
Tu auras découvert par toi-même les trois préceptes du "Tao de Steve", recette gagnante pour scorer:
- Supprime ton désir
- Soit le meilleur de toi-même
- Soit inatteignable
Mais, effectivement, toutes les filles faciles du monde ne peuvent pas remplacer un vrai chum de gars. Je suis content de voir votre téléroman si bien finir, avec une belle morale en plus! Vous devriez vendre les droits à Denise Robert, elle en ferait sûrement un film avec sa prochaine enveloppe à la performance.
Emma est déçue, adieu la coupe.
Je savais que tu aurais dû couper tes cheveux en brosse. Tu aurais été laid, mais ô combien inaccessible.
Ils vécurent heureux et eurent plusieurs enfants... euhh non ils vécurent seulement heureux.. c'est mieux!!!
Alors maintenant tu es inaccessible?
Je sens que je craque...
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