Il m’arrive parfois d’avoir les blues, même si je suis habituellement un Vieux Garçon guilleret. Dans ce temps-là, Qu’àcelanEtienne me change les idées. C’est ce qu’il fit en me plantant devant un pur délice câblo-distribué, selon ses critères, soit les auditions d’American Idol.
C’est vrai qu’au début, je trouvais ça comique et plutôt bien réalisé. Le concept des auditions d’American Idol veut qu’on suive divers concurrents pendant leur attente angoissée. Ensuite, on les voit passer la dite audition devant les trois juges baveux soit l’anglais vraiment chien, le black cool et la plus que hasbeen Paula Abdul. Enfin, on constate la joie ou la déception des concurrents, dépendamment de s’ils vont en finale à Hollywood ou pas.
Le problème c’est que l’émission choisit de suivre les cas les plus lourds. La grosse fausse blonde au regard un peu cross-side qui se trouve dont bonne, mais qui chante comme une mouette qu’on empale de force sur une bouteille brisée ou le gars vraiment laid avec des yeux de hareng et des dents en chicane qui traîne avec lui une déficience manifeste et qui, bien entendu, chante aussi mal que faire se peut. Après 15 minutes de ce pathétisme extrême qui tient plus du freak show que du reportage, le cœur m’a levé et j’ai dit à Qu’àcelanEtienne de me mettre juste les bouts où les gens sont bons. Je me sentais vraiment mal.
D’où nous vient cet intérêt envers les perdants, les weirdos qui arborent fièrement leur déficit intellectuel, ces sans-talents qui cultivent le réel espoir de percer, d’être reconnu, d’être adoré des masses?
Au Québec, nous avons nos propres vedettes poches comme Normand L’Amour, Fidel Lachance, D-Natural et tous les monstres créés par la télé communautaire et rendu populaires grâce à YouTube. Qu’est-ce qui nous fascine dans cette culture du ridicule? Pourquoi les apôtres du poche se retrouvent à la Fureur et comment expliquer le succès d'événement comme Total Crap? Personnellement, je me sens mal quand je vois un acteur qui s’enfarge sur scène ou une improvisation qui ne lève pas ou juste une joke qui tombe vraiment à plat pendant un souper. Je me dis que ça pourrait m’arriver aussi et je compatis.
Conséquemment, ça me rend triste de voir tous ces laissés pour compte mis sur un piédestal en stuc le temps qu’on puisse nous, juges du bon goût, rirent un peu à leur dépend. En fait, j’ai pris la décision de ne plus cautionner ça et de plutôt célébrer le talent. N'empêche, difficile de se priver du plaisir pervers qu'est le segment freak show de America’s Got Talent. Mais, au moins, les gens savent qu’ils passent pour des bizarres. Un luxe que n'ont pas les pauvres interprètes de « Ma colombe est triste ».
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9 commentaires:
Irez-vous au prochain Yulblog les Vieux Garçons le 7 février prochain à la Quincaillerie?
Tiens, si jamais tu veux voir un autre télésérie de perdants, je te conseille "Beauty and the Geek".
Moi aussi j'avoue avoir écouté quelques extraits d'American Idol.... Mais ce que je trouve étrange, c'est que les bizarres qui se présentent sont toujours persuadés qu'ils ont un grand talent et souvent surpris de ne pas être choisis. Je me dis Ben voyons dont ça se peut juste pas !?!?!?! Ils prétendent avoir suivi des cours de chant durant de nombreuses années et je pense pouvoir chanter mieux qu'eux (et j'ai VRAIMENT aucun talent). Je me demande desfois s'ils sont vrais, ou simplement engagés par American Idol justement pour assouvir notre besoin de voir des loosers se ridiculiser.
Je pense que tu as totalement raison quand tu parles de freak show, c'est tout à fait la même logique. Il y a certains qui ont besoin de rire des travers des autres pour se convaincre que les leurs ne sont pas si pires. Mais pour American Idol, plus ça continue, plus ça sent "l'arrangé"... pas nécessairement que les flyés qu'on y voit soient créés de toute pièce par l'équipe de l'émission, mais j'ai l'impression que plusieurs opportunistes y vont que pour se donner en spectacle.
C'est étrange car je voulais justement écrire là-dessus ce soir.
Avec Fidel Lachance en exemple.
Mais bon, tu as fait le tour du sujet.
Rire du monde, c'est drôle. Mais encore faut-il rire du monde ayant la capacité intellectuelle/morale/culturelle/sociale de se défendre.
J'pense que depuis le succès de William Hung à American Idol, les pas bons ont compris la game et se sont dit "ok, c'est comme ça qu'ont peut se rendre au sommet" - en étant ridiculement pourris. Bref, ça a décuplé le nombre de pas bons aux auditions, au grand dam de ceux que ça n'amuse pas (dont moi).
J'ai l'honneur de connaitre le gars qui a posté le vidéo de Fidel sur YouTube (le coupable derrière la colombe blessée et décoration Lynda Tremblay - il doit aujourd'hui manger ses bas) et qui a créé sans le vouloir ce monstre; et bien franchement, c'était probablement plus de l'impertinente Anita qu'on aurait dû se moquer...
Ben voyons donc... Croyez vous vraiment que Fidèl, Normand, Lynda et compagnie ne savent pas qu'ils font rire d'eux?
On se sent tellement mieux au-dessus des pauvres poches humiliés publiquement. C'est de la sectarisation, Eux versus Nous. Quand on se compare, on se console j'imagine. C'est nauséabond, cette fascination, comme un nuage de barbapapa bleu, c'est attirant, on goûte, c'est bon sur le coup, ensuite t'as mal au coeur pis la bouche bleue longtemps...
Le ridicule ne tue pas mais ... il peut faire mourir à petit feu et ça ne me fait pas rire, non pas du tout.
Attention les Vieux Garçons, votre talent causera votre perte... alors si vous voulez continuer à vous empiffrer de délices-câblés à coeur de jour, soyez donc moins irrésistiblement drôles, intelligents et talentueux.
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